Déjà en proie à de vives critiques de la communauté internationale, la Russie se trouve aujourd’hui face à de nouvelles sanctions. Le 9 avril, l’administration américaine a annoncé des sanctions contre plusieurs proches du Kremlin notamment pour ingérence électorale et cyberattaques dans le cadre de l’élection américaine de 2016. La bourse de Moscou a ainsi enregistré sa plus forte baisse en quatre ans et le rouble a chuté de 7% face au dollar en deux séances.

Des sanctions visant 38 personnes et sociétés russes

Depuis les événements en Ukraine de 2014, la Russie fait l’objet de pressions économiques et diplomatiques. Des sanctions à la fois européennes et américaines tentent d’affaiblir l’administration russe. Outre l’affaire Skripal (empoisonnement en Grande Bretagne d’un ex-espion russe Sergei Skripal et de sa fille) et la guerre en Syrie, Moscou est accusée d’avoir interféré dans la dernière élection présidentielle américaine via les réseaux sociaux et la fuite d’informations du camp démocrate.

L’administration américaine a annoncé le 9 avril dernier qu’au total 38 personnes et entreprises russes ont été interdits de faire affaire aux Etats-Unis ou avec des Américains. Le trésor américain a ainsi bloqué tous les actifs liés à ces individus ou entités et interdit toute transaction. Parmi les entreprises visées par ces sanctions, on retrouve notamment le groupe Rusal qui représente à lui seul 7% de la production mondiale d’aluminium. Le cours de l’action a baissé de 20% à la bourse de Moscou et jusqu’à 50% à la bourse de Hong Kong, soit environ 3.5 Milliards d’euros.

Cours de bourse de Rusal à la bourse de Hong Kong sur 1 an en base 100 (source : Bloomberg)

Evolution du taux à 10 ans de l’obligation d’Etat russe sur 1 an (source : Bloomberg)

Une perte d’attractivité pour l’économie russe

La parution de ces sanctions a fortement affecté les marchés financiers, les investisseurs américains étant par ailleurs dans l’obligation de se débarrasser de leurs titres avant le 7 mai. L’indice MOEX a perdu plus de 8% sur les deux séances suivant le communiqué et le taux à 10 ans est passé de 7.07% à 7.6%. La devise russe a également souffert en perdant près de 7% face au dollar sur la même période.

Les perspectives de Rusal, qui réalise près de 14 % de son chiffre d’affaires aux Etats Unis, s’annoncent particulièrement difficiles. Le groupe a même déclaré être temporairement dans l’incapacité d’honorer une partie de sa dette qui s’élève à 8.4 Milliards de dollars et qui est détenue à moitié par Sberbank, la première banque en Russie qui a également été l’une des actions les plus touchées en perdant près de 17% de sa valeur sur la séance. Bien que n’étant pas directement visées par les sanctions de nombreuses sociétés souffrent également d’un mouvement de fuite des actifs russes.

Quel impact pour les marchés mondiaux ?

Ces sanctions soulèvent de nombreuses questions quant à leur impact sur le reste de l’économie mondiale.  A court terme, les grands gagnants sont les autres producteurs d’aluminium, le cours de ce dernier ayant augmenté de près de 16% depuis. Inversement, des prix plus élevés pénaliseront nécessairement les entreprises qui dépendent de cette matière première, le secteur automobile par exemple.  Plus indirectement, ces sanctions pèsent sur les entreprises partenaires des sociétés ou individus mentionnés. On peut citer Volkswagen, qui coopère avec le constructeur GAZ en Russie ou encore Renault avec Avtovaz. Cette décision impactera également la dette souveraine russe. Les CDS (credit default swaps) à cinq ans sur les titres émis par la Russie, qui reflètent le coût d’assurer son exposition à la dette russe, ont augmenté de plus de 28% jusqu’à atteindre 149 points à la clôture le 11 avril.  Fondamentalement, cette situation est d’autant plus compliquée qu’il demeure une forte incertitude quant à la durée et l’évolution de ces sanctions.


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